"Je veux rétablir l’ordre dans la rue et dans les comptes": officiellement candidat à Nice, Eric Ciotti détaille son projet

"Je veux devenir maire de toutes les Niçoises et de tous les Niçois". Éric Ciotti a officiellement annoncé être candidat à l’élection municipale dans la 5e ville de France lors des scrutins des 15 et 22 mars 2026, lors d’une intervention en direct depuis la place Saint-Roch à Nice à la fin du journal de 13 heures de TF1.
Une annonce de candidature que le député des Alpes-Maritimes et président de l’UDR (Union des droites pour la République) accompagne d’un slogan "le meilleur est à venir", et d’une "Lettre aux Niçois" de vingt pages pour détailler sa démarche. Elle est diffusée depuis ce mercredi sur son site Internet ciotti2026.fr et les réseaux sociaux. Elle sera distribuée à partir de ce jeudi matin aux Niçois. Le duel entre le maire actuel Christian Estrosi, candidat à un quatrième mandat, et Éric Ciotti est donc officiellement lancé. Une bataille qui fera partie des plus regardées au plan national.
Vous aviez hésité à vous présenter en 2020. Qu’est-ce qui, cette fois, vous pousse à briguer la mairie de Nice en 2026?
Je pensais, à l’époque, que le moment n’était pas venu d’ouvrir frontalement ce débat. La situation politique était différente. Avec Christian Estrosi, nous appartenions à la même famille politique, même si, en réalité, tout en restant à LR, il avait basculé dans le camp macroniste depuis 2017. J’ai voulu donner peut-être une dernière chance de réparer certaines erreurs. Mais surtout, je dirais que le dernier mandat sur les trois qu’a exercé Christian Estrosi est celui du dérapage budgétaire, de la fuite en avant. C’est le mandat des destructions d’équipements publics (Acropolis, le théâtre, le bowling, la cinémathèque), dont j’évalue le coût à 500 millions d’euros, qui ont été financés par l’impôt des Niçois. C’est la marque d’un pouvoir qui ne dispose plus de limites, plus de garde-fous. C’est aussi une forme de dérive dans un pouvoir personnel, qui a fait que le culte de l’être suprême s’est substitué à une politique de proximité, de solidarité, de fraternité, d’écoute, d’humilité avec les Niçois.
Vous adressez une lettre aux Niçois. Pourquoi cette forme? Que leur dites-vous?
Je veux être le candidat de la proximité des Niçois et des Niçois. C’est pour ça que je veux ce lien direct avec eux, sans intermédiaire, sans page de publicité, sans brochure de communication. Il y a eu un maire qui a détruit. Moi, je veux être le candidat qui construit et qui construit une nouvelle espérance. Je formule, dans la lettre, des propositions nouvelles.
Quelles sont vos priorités pour Nice?
Restaurer la sécurité, respecter l’argent des Niçois, agir pour la proximité, porter un vrai développement économique, avoir une politique environnementale responsable, promouvoir et refaire de Nice un phare de la culture. Cela passe par le théâtre national de Nice à la Gare du Sud, un nouveau palais des congrès et d’exposition, une nouvelle prison, le doublement des effectifs de la police municipale. Je porte l’engagement d’effacer la dernière hausse de la taxe foncière de 20%, intervenue à l’automne 2024. Ce sont des propositions concrètes, des propositions sur la gratuité du stationnement sur deux heures, un plan de climatisation pour les écoles, un plan de développement des crèches pour les familles.
Si vous êtes élu, quelles mesures de Christian Estrosi allez-vous annuler dès le début de votre mandat?
Effacer la dernière hausse de la taxe foncière de 20%.
Vous avez bâti votre notoriété sur un discours national de fermeté et de coupes budgétaires. Comment traduire ce discours localement?
Rétablir l’ordre dans la rue et dans les comptes constituera la ligne directrice de ma campagne. C’est totalement compatible. On l’a fait au Département. On s’est désendetté, on a baissé par deux fois la taxe foncière départementale et on a continué à investir. Quand on gère bien l’argent public, qu’on ne le gaspille pas, on y arrive. C’est cette politique que je veux conduire. Naturellement, je suis candidat à la mairie de Nice, mais aussi à la présidence de la Métropole. Aujourd’hui, l’essentiel des compétences pour changer la vie des Niçoises et des Niçoises est à la Métropole.
Vous souhaitez baisser les impôts. Comment financerez-vous les projets municipaux dans une ville que vous dîtes très endettée?
Il y a des économies de gestion qu’il faudra faire. Nous l’avons fait au département sans que la qualité du service n»ait été altérée. Les grands événements qui coûtent des millions, voire des dizaines de millions d’euros répétitifs pour une journée ne seront plus ma priorité. Sans parler des gaspillages de 10 à 15 millions d’euros pour financer un Grand Prix de Formule 1, des millions d’euros pour financer des émissions de télé, tout ça sera abandonné.
Comment comptez-vous rassembler une équipe municipale alors que la droite niçoise est fragmentée?
Ma liste est en grande partie déjà constituée. C’est une liste d’hommes et de femmes que je choisirai en fonction de leur talent, de leur compétence, de leur enracinement, au-delà des étiquettes politiques. Néanmoins je suis un homme de droite et je suis un homme qui souhaite l’union des droites. Le moment n’est pas venu d’annoncer des noms. Mais il y aura naturellement les parlementaires niçois, les deux députés niçois [Christelle d’Intorni et Bernard Chaix] et le député européen [Laurent Castillo]. Ils incarnent une légitimité qui est la plus récente.
Quelle place donnez-vous aux alliances locales, notamment avec le RN?
Tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui me soutiennent auront leur place sur cette liste. Il y aura bien évidemment des personnes du RN. Il n’y a pas d’accord, les choses se font naturellement.
Comment allez-vous concilier vos responsabilités de député et de président de l’UDR avec une campagne locale?
Nous aurons six mois de campagne. Je concilierai, comme je l’ai toujours fait, mes responsabilités locales et nationales dans les six mois qui viennent. Et bien sûr, lorsque je serai maire de Nice, je quitterai mon mandat à l’Assemblée nationale.
En cas de chute du gouvernement et de nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, abandonnerez-vous la 1re circonscription que vous détenez depuis 18 ans?
Le 8 septembre, je voterai sans aucune hésitation contre ce gouvernement. Aussi bien contre le Premier ministre que contre le Président de la République qui l’a nommé. Après, je ne suis pas Madame Irma. Bien malin celui qui peut savoir ce que fera Emmanuel Macron. Ce que je souhaite, c’est qu’il démissionne pour redonner la parole au peuple. Je ne suis pas certain qu’il ait la hauteur ou le courage qu’a eu le général de Gaulle.
Si des élections législatives anticipées ont lieu, elles interviendront avant les élections municipales. Vous avez déjà réfléchi à ce que vous allez faire?
Si tel est le cas, je prendrai mes responsabilités pour qu’on ait une alternance au plan national.
Vous vous représenterez donc dans la 1re circonscription?
Je suis aujourd’hui candidat à l’élection municipale à Nice. Et si les Niçoises et les Niçois, ce dont je suis certain, me font confiance, je serai le maire à plein temps de tous les Niçois et les Niçois.
Qu’est-ce que Nice représente pour vous personnellement et politiquement?
Nice, c’est ma ville. C’est là où je suis né. Ce sont mes racines personnelles, familiales. C’est ma terre. C’est mon enfance. C’est ma scolarité. C’est ma formation universitaire. Ce sont mes amis, ma famille. Et puis, politiquement, c’est Nice qui m’a tout donné. Mon premier mandat électif, je l’ai obtenu des Niçoises et des Niçois en 2007.
Quelle ville voulez-vous laisser aux Niçois en 2032, au terme d’un éventuel mandat?
Je veux laisser une ville plus fraternelle, où les Niçois s’épanouissent, où nos anciens vivent heureux avec la certitude que leurs enfants et leurs petits-enfants vivront heureux. Je veux réinstaller un lien de proximité avec les Niçois, qu’ils soient l’objectif central de ma politique. Qu’on préserve leur pouvoir d’achat, donc leur argent. Qu’ils aient les services publics qu’ils méritent.
Var-Matin